Plouvier, Jean (…-circa May 1516). Musician; Singer

Chapelle de Bourgogne, 1494-1516. Retenu dans la chapelle le 1.8.1494, Jean Plouvier perçoit l’équivalent de 154 jours de service à 10s comme “prêtre disant les haultes messes” (fonction qu’il partage avec Jacques Mouchet*) dans la liste des gages 1492-1495 (il est qualifié de “sire” à partir du mandement suivant, de décembre 1496). Il n’apparaît pas sur les listes journalières de 1496 (contrairement à Mouchet) mais, le 20.4.1497, Philippe le Beau remédie à cette erreur en lui faisant verser 262£ 10s “en recompense de ses gaiges de 17 mois et neuf jours entiers commenchans le premier jour d’octobre l’an 95 et finissans le 9e jour de mars l'an 96 ensuivant pendant lequel temps il a continuellement servy icellui seigneur de sondit estat de son chappellain desdistes haultes messes, tant pardevers lui comme pardevers ma dame la princesse de Castille sa seur par son commandement et ordonnance pendant le voyaige que ce temps pendant il avoit lors fait es Allemaignes pardevers le roy son pere, sans avoir esté compté ne prins aucun gaiges par les escroes de la despence ordinaire des hostelz de mesdits seigneur et dame, ou sont comprins 525 jours entiers”. Dans l’ordonnance de mars 1497, il est clerc de la grande chapelle à 10s, compté les neuf premiers mois (Nicole Mayoul le jeune* étant compté les trois derniers mois). Promu à 12s le 23.1.1502, il figure sur toutes les listes jusqu’au 18.9.1505. Sur le rôle des bénéfices de la cour de 1501, il est à la fois qualifié de “chantre” (pour les cures de Flandre) et de “chapelain des hautes messes” (pour les prébendes d’Andennes). En septembre 1505, il résigna au profit d’Edouard Trottin une partie des bénéfices de la cure de Sainte-Walburge de Courtrai qu’il détenait jusque-là en entier. Le nom de Plouvier disparaît des listes de la chapelle entre celle du 18.9.1505 et la suivante, du 24.10.1505. Cette disparition coïncide avec le retour de Nicole Mayoul le jeune* (remplacement logique, puisque son statut précisait qu’il servait les trois derniers mois de l’année), mais aussi l’arrivée d’un certain “Johannes Moneta”, qui servit la chapelle jusqu’en 1516. Aussi étrange que cela semble, il pourrait s’agir de la même personne, le nom de Plouvier n’étant plus jamais mentionné après septembre 1505 (Fiala 2002 / À paraître).

Identification Plouvier / Moneta. Moneta fait son apparition sur la liste du 24.10.1505, à 10s, est promu à 12s, comme nombre d’autres, le 1.1.1506 et sert jusqu’à la mort de Philippe le Beau. Deux lettres de Maximilien à Marguerite d’Autriche qui évoquent ce chantre posent un problème très particulier (remarqué par Meconi 2003, p. 40). Par ces lettres datées de Turnhout et de Cologne les 29.6 et 31.8.1512, l’empereur demande à la régente des Pays-Bas, suite à la plainte de Moneta, que ce chanteur soit inscrit dans les états de paiement de la chapelle et sur les rôles des bénéfices car il “a servy nostre filz, le roy dom Philippe de Castille, en sa chappelle, comme bas-contre, par l’espace de environ XI ans continuelz et nous aussy par quelque espace de temps”, qu’il est “ung des meilleurs bas-contre que l’on peut recouvrer” et que priorité doit être accordée aux chantres qui ont participé aux deux voyages d’Espagne de la cour. Maximilien réitéra sa demande le 31.8 suivant en exigeant que Moneta soit retenu en sus de l’effectif ordinaire, déjà complet (Maximilien Ier COR, II, p. 15-16 & 27-28). Le chantre apparut finalement sur les listes à partir de décembre 1513 et reçut des dons de 19£ 10s en juillet 1514 et de 6£ en juin 1516 “pour subvenir en certaine maladie dont il avoit esté travaillé”. Cette maladie l’emporta puisqu’en ce même mois de juin 1516, Philippe Paillette*, éxécuteur testamentaire de Moneta, se chargeait de régler les dettes de la succession (Van Doorslaer 1934, p. 151, qui précise que Moneta était “originaire de Cologne”). La première lettre de Maximilien indique sans ambiguité que Moneta avait servi la chapelle de Philippe le Beau pendant onze ans, ce qui suppose qu’il avait été engagé vers 1495. En excluant qu’il ait pu servir aussi longtemps sans figurer sur le moindre document administratif avant 1505, il faut admettre l’hypothèse qu’il ait pu servir sous un autre nom. Malgré l’absence de preuve documentaire, cet autre nom ne peut être que “Jean Plouvier”, dont la carrière correspond à celle décrite par les lettres de Maximilien et s’enchaîne exactement avec celle de Moneta. Les listes de la chapelle en 1505-1506 recensent toutes “Johannes Moneta” sans titre, comme la première lettre de Maximilien, mais la seconde nomme bien “sire Jehan Moneta, prebtre”, comme les listes des années 1514-1515. En l’attente d’un document qui permettrait de distinguer Plouvier et Moneta, on peut considérer qu’il s’agit bien d’un seul et même chantre (Fiala 2002 / À paraître).

Enterrement, 1516. Un registre de la collégiale Sainte-Gudule de Bruxelles indique que Moneta fut enterré le 11.6.1516 au cimetière de Notre-Dame du Sablon et que son service funèbre avait été chanté par les chanteur de la chapelle de Charles Quint (Huybens 1971, p. 27, d’après, B-AGR, A.E. SG. reg. 1210, f. 160 v : “Sepultus fuit dom. Johannes Moneta presbyter et cantor capelle domini regis per vice decanum et 8 sacerdotes ecclesie beate Gudile in cimiterio beate Marie in Sabulone et exequie celebrate per cantores capelle predicte domini regis propter ejus inopiam.”)

Homonymes. Ce chanteur ne peut être identifié ni au Johannes Plouvier, chanteur de Saint-Donatien de Bruges mentionné de 1445 à 1454 au moins, trop ancien (Strohm 1985, p. 157), ni au Jean Plouvier actif à Cambrai, qui décéda au début de l’année 1497 (Fiala PCR, d’après F-BnF, Musique, Fonds Pirro, 50, notes sur le registre 1061, f. 291 & 313).