Surname
Nieuport (de)
Given Name
Jacques
Variant Name
Jacotin
Jachet
Ruenport
Nieuwpoort
Place of birth
Nieuwpoort
Role
Agent for recruitment of musicians
Composer
Dessus
Employee of a court chapel (musician)
Known voice range
Musician
Singer
Superius
Active period
1468 - 1473
Workplace
Ferrara
Milano
Siena
Institution
Cattedrale di Siena
Cappella ducale di Ferrara
Cappella ducale di Milano
Biography
Rome, 1469. Ce chanteur, qui se signala à Sienne, Ferrare et Milan, est cité dans une lettre du plus haut intérêt, adressée de Rome le 22.3.1469 par le chanteur Jachet de Marville* à Lorenzo de’ Medici (Beccherini 1941, p. 98-101, d’après I-ASF-Med. av. il Principato, F. CXXXVII, c. 812 ; traduction anglaise partielle dans D’accone 1961, p. 324). Marville y propose ses services et ceux des quatre chanteurs qu’il juge nécessaires pour réorganiser la chapelle Saint-Jean de Florence, démantelée par le départ de “Cordier* et tous ses compagnons”. Marville et ses compagnons, “qui n’ont jamais séjourné à Florence”, sont tous prêts à venir pour un salaire de 6 ducats mensuels chacun, et 12 ducats pour le voyage. En plus du ténor Jean de Bourgogne, de lui-même comme “contre”, et d’un “contre” à la voix “bien grave” (“uno contre che sia ben basso”) qu’il conviendra de faire venir de France ultérieurement, Marville suggère d’engager trois dessus (“tre canti altissimi colle voce bone, piene e suave”) : “maître Jacques français”, “Jacques de Neux-Port, flamand, à la voix haute et nette”, et “Jenin de Brabant” (“Et questi sono li loro nomi : el tenore si chiama Joanne de Burgogna, el primo canto, che have sì bella voce, quanto dire si porria, si chiama maestro Jacobo franzose, el secondo canto, el quale have una voce alta e netta, si chiama Jacobo de Neux-Port, fiammingo, e el terzo canto, el quale have la voce alta e bella, si chiama Jenino de Brabant” ; Beccherini 1941, p. 100). Aucune mention de Jacques de Nieuport n’a été mise au jour à Florence, et bien que présent à Rome en mars 1469, il ne semble avoir servi ni la chapelle pontificale, ni le chœur de Saint-Pierre. Il était en fait très probablement venu de Sienne à Rome en compagnie de Marville, qui raconte dans sa lettre avoir fait ce voyage au début de l’hiver 1468, après “avoir entendu dire que [Lorenzo] ne voulait pas rester sans chanteurs” (“Et cosi mi partive da Siena, avendo audita del mese di novembre vostra intentione de non volere stare senza cantori ; gionse in Roma a dì XXVI di iannaio per conoscere e videre se vi era cosa che fosse honore di cantori per vostra capella ; id., p. 99). Le fait est que Nieuport servait apparemment la cathédrale de Sienne pendant l’été 1468, et qu’il y retourna aussitôt la proposition de Marville rejetée.
• Cathédrale de Sienne, 1468-1473. C’est en effet après avoir employé Jachet de Marville que la cathédrale de Sienne avait recruté Jacques de Nieuport, qui servit pendant trois mois à l’été 1468, puis au moins d’avril 1470 à février 1471, au salaire de 10 l. mensuelles, et ponctuellement par la suite. Deux paiements du 31.4.[sic]1470 et du 7.5.1473 l’identifient sans ambiguité comme “Jacomo de Novo Porto”. Le registre comptable de 1469-1470 manquant, on ne sait exactement quand il revint durant cette période, mais il est probablement le “Jacomo di Fiandra, nouveau chanteur du duomo” qui reçut le 14.5.1469 “la clé de la chambre à côté de la citerne où Giachetto [de Marville] demeurait” (D’Accone 1997, p. 208-209). Cette date concorde précisément avec la lettre de Marville : il est donc presque certain que, Lorenzo de’ Medici n’ayant pas donné suite à la proposition de Marville, Nieuport décida de revenir à Sienne. Le paiement isolé de mai 1473 indique en outre qu’il y revint pour de brèves périodes après 1471, sans doute au gré de ses voyages dans la péninsule, entre Ferrare, Milan et Rome.
• Chapelle de Ferrare, 1472. “Jacheto de Nemport cantore” est cité dans une liste de la chapelle de Ferrare en 1472, mais ne reparaît plus ensuite (Lockwood 1984, p. 318 [annexe des listes de la chapelle, sans commentaire dans le livre ; la liste de 1474, ibid., nomme : Jacomo de Bechari, Jacomo Gualtiero de Ulandia et Jacopo de Morpach, mais aucun ne semble pouvoir être identifié à Nieuport). En 1494, un nouveau chantre appelé “Jacotin cantore”, différent de Jachet de Marville, figure sur les listes de Ferrare. Il reparaît sur les listes suivantes, de 1497 et 1499, mais disparaît dès celle de 1500 (id., p. 326). Son lien avec Nieuport semble peu probable (il pourrait s’agir du Jacotin Frontin* mentionné en 1516 au service du cardinal Louis d’Aragon).
• Chapelle de Milan, 1473. P. et L. Merkley (Merkley & Merkley 1999) ont publié des actes et des lettres qui documentent la carrière, entre 1473 et 1480, d’un important chanteur de la chapelle de Galeazzo Maria Sforza à Milan, qu’ils appellent systématiquement “Iacotin Ruenport”. Ce nom doit sans doute en fait être lu “Nieuport”, et il semble que ces documents ne concernent pas tous la même personne. Le 26.2.1473, au moment du scandale du recrutement de chanteurs napolitains par Galeazzo, une lettre datée de Rome conseillant au chanteur de Naples Jean de Dinant de quitter son emploi pour venir à Milan, signale que le duc a envoyé son chanteur “Iacotin Ruenport” [recte Nieuport] pour confirmer l’invitation (id., p. 45). Quelques mois plus tard, dans une lettre datée de Rome le 15.8.1473, Jacotin lui-même, qui signe “humilis servulus Iacotinus illustrissimi principis ducis Mediolani capelle cantor”, indique qu’il a versé 7 ducats au ténoriste Michel de Ris*, que le duc cherchait alors à recruter. Deux autres lettres concernant ce recrutement citent “Iachetino” et “Iachetinus” au lieu de Jacotin (id., p. 66-67). Enfin, un dernier document milanais renvoie sans ambiguité à Nieuport : le 16.12.1473, une note du duc demande à l’hopitâl de Parme d’admettre “Iachet de Novoportu, qui était notre chanteur” (“quale fu alias nostro cantore”), pour y soigner la “maladie de Saint-Lazare” dont il est affecté (id., p. 163). Atteint de la lèpre, le chanteur fut sans doute obligé de se retirer définitivement dans cet hôpital ; et il faut donc supposer que les références ultérieures à des “Jacotin” dans la documentation milanaise publiée par P. et L. Merkley renvoient à un autre chanteur, recruté entre temps, d’autant plus qu’apparaît alors à côté de son prénom le qualificatif “de Picardie”, qui ne peut renvoyer à Nieuport. S’il est encore possible, à la rigueur, que Nieuport soit le “Jacotin” nommé dans la liste de gages du 15.7.1474 parmi les chanteurs de chambre (“La capela de camera… Iachotino” ; id., p. 101-102, où les auteurs ajoutent [Ruenport / de Picardia]), il paraît très improbable qu’il soit le Jacotin de la liste de la chapelle dressée en 1480 (id., p. 242). Il faut en somme considérer que les documents milanais concernent deux chanteurs distincts : Jachet/Jacotin de Nieuport [“Ruenport”], qui fut très actif en matière de recrutements en 1473 (passant à Sienne en mai, à une période où des documents milanais attestent qu’il voyageait effectivement entre Rome et Milan), et un Jacotin de Picardie, mentionné en 1480, et peut-être dès 1474, qui reste à identifier, mais qui pourrait être le Jacotin Frontin cité ci-dessus (Fiala PCR, avec les suggestions de Patrice Nicolas, doctorant de l’université de Montréal qui prépare une thèse sur les œuvres attribuées à “Jacotin”, sous la direction de Marie-Alexis Colin).
• Auteur d’un Credo ? Lenka Mráčková suggère d’attribuer au chanteur milanais Jacotin et à son collègue Eloi Cokere* deux mouvements d’une Missa Introduxit me rex copiés dans les années 1480 dans le Codex Specialnik (CS-Hradek Kralove, Musée de Bohème orientale, Ms. II. A 7). Ces deux pièces probablement d’origine milanaise sont respectivement indexées dans le manuscrit sous les titres “Patrem Yacten” et “Sanctus Elezanger”, qui pourraient renvoyer à “Jacotin” et “Eloi zangher” (Mráčková 2006). Il est cependant impossible de déterminer si ce Jacotin est Jacques de Nieuport ou le Jacotin qui lui succéda à Milan, le second semblant toutefois plus probable.
• Cathédrale de Sienne, 1468-1473. C’est en effet après avoir employé Jachet de Marville que la cathédrale de Sienne avait recruté Jacques de Nieuport, qui servit pendant trois mois à l’été 1468, puis au moins d’avril 1470 à février 1471, au salaire de 10 l. mensuelles, et ponctuellement par la suite. Deux paiements du 31.4.[sic]1470 et du 7.5.1473 l’identifient sans ambiguité comme “Jacomo de Novo Porto”. Le registre comptable de 1469-1470 manquant, on ne sait exactement quand il revint durant cette période, mais il est probablement le “Jacomo di Fiandra, nouveau chanteur du duomo” qui reçut le 14.5.1469 “la clé de la chambre à côté de la citerne où Giachetto [de Marville] demeurait” (D’Accone 1997, p. 208-209). Cette date concorde précisément avec la lettre de Marville : il est donc presque certain que, Lorenzo de’ Medici n’ayant pas donné suite à la proposition de Marville, Nieuport décida de revenir à Sienne. Le paiement isolé de mai 1473 indique en outre qu’il y revint pour de brèves périodes après 1471, sans doute au gré de ses voyages dans la péninsule, entre Ferrare, Milan et Rome.
• Chapelle de Ferrare, 1472. “Jacheto de Nemport cantore” est cité dans une liste de la chapelle de Ferrare en 1472, mais ne reparaît plus ensuite (Lockwood 1984, p. 318 [annexe des listes de la chapelle, sans commentaire dans le livre ; la liste de 1474, ibid., nomme : Jacomo de Bechari, Jacomo Gualtiero de Ulandia et Jacopo de Morpach, mais aucun ne semble pouvoir être identifié à Nieuport). En 1494, un nouveau chantre appelé “Jacotin cantore”, différent de Jachet de Marville, figure sur les listes de Ferrare. Il reparaît sur les listes suivantes, de 1497 et 1499, mais disparaît dès celle de 1500 (id., p. 326). Son lien avec Nieuport semble peu probable (il pourrait s’agir du Jacotin Frontin* mentionné en 1516 au service du cardinal Louis d’Aragon).
• Chapelle de Milan, 1473. P. et L. Merkley (Merkley & Merkley 1999) ont publié des actes et des lettres qui documentent la carrière, entre 1473 et 1480, d’un important chanteur de la chapelle de Galeazzo Maria Sforza à Milan, qu’ils appellent systématiquement “Iacotin Ruenport”. Ce nom doit sans doute en fait être lu “Nieuport”, et il semble que ces documents ne concernent pas tous la même personne. Le 26.2.1473, au moment du scandale du recrutement de chanteurs napolitains par Galeazzo, une lettre datée de Rome conseillant au chanteur de Naples Jean de Dinant de quitter son emploi pour venir à Milan, signale que le duc a envoyé son chanteur “Iacotin Ruenport” [recte Nieuport] pour confirmer l’invitation (id., p. 45). Quelques mois plus tard, dans une lettre datée de Rome le 15.8.1473, Jacotin lui-même, qui signe “humilis servulus Iacotinus illustrissimi principis ducis Mediolani capelle cantor”, indique qu’il a versé 7 ducats au ténoriste Michel de Ris*, que le duc cherchait alors à recruter. Deux autres lettres concernant ce recrutement citent “Iachetino” et “Iachetinus” au lieu de Jacotin (id., p. 66-67). Enfin, un dernier document milanais renvoie sans ambiguité à Nieuport : le 16.12.1473, une note du duc demande à l’hopitâl de Parme d’admettre “Iachet de Novoportu, qui était notre chanteur” (“quale fu alias nostro cantore”), pour y soigner la “maladie de Saint-Lazare” dont il est affecté (id., p. 163). Atteint de la lèpre, le chanteur fut sans doute obligé de se retirer définitivement dans cet hôpital ; et il faut donc supposer que les références ultérieures à des “Jacotin” dans la documentation milanaise publiée par P. et L. Merkley renvoient à un autre chanteur, recruté entre temps, d’autant plus qu’apparaît alors à côté de son prénom le qualificatif “de Picardie”, qui ne peut renvoyer à Nieuport. S’il est encore possible, à la rigueur, que Nieuport soit le “Jacotin” nommé dans la liste de gages du 15.7.1474 parmi les chanteurs de chambre (“La capela de camera… Iachotino” ; id., p. 101-102, où les auteurs ajoutent [Ruenport / de Picardia]), il paraît très improbable qu’il soit le Jacotin de la liste de la chapelle dressée en 1480 (id., p. 242). Il faut en somme considérer que les documents milanais concernent deux chanteurs distincts : Jachet/Jacotin de Nieuport [“Ruenport”], qui fut très actif en matière de recrutements en 1473 (passant à Sienne en mai, à une période où des documents milanais attestent qu’il voyageait effectivement entre Rome et Milan), et un Jacotin de Picardie, mentionné en 1480, et peut-être dès 1474, qui reste à identifier, mais qui pourrait être le Jacotin Frontin cité ci-dessus (Fiala PCR, avec les suggestions de Patrice Nicolas, doctorant de l’université de Montréal qui prépare une thèse sur les œuvres attribuées à “Jacotin”, sous la direction de Marie-Alexis Colin).
• Auteur d’un Credo ? Lenka Mráčková suggère d’attribuer au chanteur milanais Jacotin et à son collègue Eloi Cokere* deux mouvements d’une Missa Introduxit me rex copiés dans les années 1480 dans le Codex Specialnik (CS-Hradek Kralove, Musée de Bohème orientale, Ms. II. A 7). Ces deux pièces probablement d’origine milanaise sont respectivement indexées dans le manuscrit sous les titres “Patrem Yacten” et “Sanctus Elezanger”, qui pourraient renvoyer à “Jacotin” et “Eloi zangher” (Mráčková 2006). Il est cependant impossible de déterminer si ce Jacotin est Jacques de Nieuport ou le Jacotin qui lui succéda à Milan, le second semblant toutefois plus probable.
Bibliography
Beccherini 1941
D’Accone 1961
D’Accone 1997
Lockwood 1984
Merkley & Merkley 1999
Mráčková 2006