Prezel, Robert (…-between 1 Jun. 1521 and 31 Jul. 1521). Music copyist; Musician; Singer

Problèmes d'identification. Le nom le plus fréquent de ce chantre, Bynet Prezel, a dérouté nombre de transcripteurs. Bynet (ou Binet) est simplement un diminutif de Robinet, diminutif du prénom Robert. Quant à son patronyme, il vient très probablement de l'ancien nom d'un hameau voisin de Valenciennes, appelé Presel ou Prezel (littéralement “pré” ou “prairie”) jusqu'au XVIIIe siècle, quand il prit son nom actuel de Préseau (nom sous lequel ce chantre est également cité à une reprise). Préseau était l’une des six pairies du Comté de Valenciennes. En revanche, contrairement à une hypothèse de K. M. Duggan (Duggan 1976) souvent répétée, ce chantre n'a probablement aucun rapport avec le “Robinet Finet” qui faisait partie de l'hôtel de Jeanne de Castille en 1497.

Cathédrale de Cambrai, 1480 (?)-1509. Au vu des problèmes posés par son nom, ce chantre pourrait être l'“honnête jeune homme Robinet Grisel” mentionné à Cambrai dès le 15.3.1480 pour la résignation de la chapelle Sainte-Marie de Binche au profit de Nicolas Puch (F-BM Cambrai, ms. 1061, f. 91v : “honesti juvenis Robineti Grisel”). Cette première identification, très précoce, reste très hypothétique, mais ce chantre est en toute certitude le clerc habitué Binet, retenu comme petit vicaire à demi-gages le 9.10.1498 (F-BM Cambrai, ms. 1064, f. 120v), à qui le chapitre octroie des gages complets à partir du 28.1.1499 (id., f. 146v ; “Robinetus”). Qualifié de vicaire tenoriste, il reçoit 36 patards pour une tunique le 27.3.1500 (id., f. 243), puis figure dans la listes des gages à 3s en 1500 (id., f. 282 : “Binetum tenoristam”). Les comptes des vicaires le citent jusqu'au 1.6.1500 (F-AD 59, 4 G 7472 [1498-1499], f. 8 ; [1499-1500], f. 8v). Il pourrait s'être absenté quelque temps puisque son nom ne semble plus reparaître avant une nouvelle entrée du registre des actes capitulaires datée du 30.9.1503, qui indique qu'il hérite du vicariat perpétuel de Nicole Berquier (F-BM Cambrai, ms. 1064, f. 480, où il est appelé sans ambiguité : “Robert Presel, clerc du diocèse de Soissons”). Le 24.11.1503, il est reçu aux ordres mineurs en compagnie de Louis Van Pullaer*, tous deux pourvu d'un vicariat perpétuel, et est commis à la recette des petits vicaires  (id., f. 484v, “Robertus Presel et Ludovicus van Pullard perpetui vicarii nuper provisi et in minoribus constituti faciant et solvant festum S. Nicolai more solito”), juste avant d'être engagé dans la chapelle de Philippe le Beau. Bien que sa carrière se soit surtout déroulée dès lors au service des cours de Bourgogne et de France, il revint manifestement à Cambrai pour quelques temps en 1509, où il est payé pour la copie de neuf messes polyphoniques dans les livres de la cathédrale (Houdoy1880, p. 208 : “A Robinet Presiau dit Binet pour avoir fait escripre es livres ix messes en discant, 16£ 3s”).

Chapelle de Bourgogne, 1504-1506. Retenu comme bas contre et chantre le 25.2.1504 par une annotation des ordonnances de novembre 1501, il apparaît sur la première liste de gages suivante, dressée le 29.3.1504. Il pourrait avoir été recruté par Braconnier*, qui avait reçu comme mission d’aller chercher un haute contre nommé Pierre Liegeois en septembre 1503, qui n’apparut finalement jamais dans la chapelle. Il sert dès lors en continu jusqu'à la mort de Philippe le Beau. S'il ne porte aucun titre dans les listes quotidiennes, il est clairement le “miçer Rubert Vinent [sans doute pour Binet], cantor” de la dernière liste dressée en Espagne, le 11.10.1506, et était donc sans doute devenu prêtre, si l'on en juge par son titre de “messire”.

Chapelle de la reine de France, 1508-1513. Dès le 21.7.1508, Robert Prezel, chapelain ordinaire de la reine (Anne de Bretagne), apparaît comme témoin présent en personne lors de la rédaction d'un acte dressé à Blois, par lequel son confrère Jean Mouton* nomme un procureur pour l'administration de ses bénéfices (Dumistrescu PCR, d'après F-AD 41, E743, f. 57). Le 9.1.1509, toujours à Blois, c'est lui-même qui nomme Mouton et une autre personne comme procureurs pour l'administration de ses bénéfices ; il est alors qualifié de maître, ce qui laisse entendre qu'il avait obtenu un titre universitaire, avec la précision : “du diocèse de Thérouanne”– où il avait donc probablement reçu les ordres majeurs (id., f. 67 : “Venerabilis vir magister Robert Presel alias Binet, Morinensis diocesis, capellanus ordinarius illustrissime domine regine Francie”). Il est à nouveau mentionné comme membre de la chapelle d'Anne de Bretagne le 21.12.1513 dans une supplique soumise Vatican au sujet d’un bénéfice dans le diocèse de Noyon (Sherr 1988, p. 74). Son engagement à la cour de France pourrait résulter de l’influence de Braconnier*, avec lequel il pourrait être rentré d'Espagne en 1507.

Sainte-Chapelle de Dijon, 1520-1521. Avant mars 1520 au plus tard (et vraisemblablement plusieurs années auparavant), Presel était devenu chanoine de la Sainte-Chapelle de Dijon, où il semble s'être retiré et où il mourut peu avant le 9.7.1521. Il y fonda quatre anniversaires (apparemment sans musique polyphonique) en léguant la somme considérable de 400 £ tournois au chapitre (Fiala PCR F-AD 21, G 1171 ; G 1514, f. 40, 64, 68v, 70 ; et G 1522, f. 171 et 177).