Surname
Du Passage
Given Name
Jean
Variant Name
Augustin
Du Passaige
Van den Gate
Passagio
Passadio
Besançon (de)
Senior
Date of death
1462-9
Role
Employee of a court chapel (musician)
Known voice range
Musician
Singer
Tenor
Ténoriste
Active period
circa 1415 - 1462
Workplace
Cambrai
Roma
Institution
Capella pontificalis
Chapelle ducale de Bourgogne
Chapelle royale de France
Biography
Chapelle royale de France, 1415. Jean Du Passage, dit Augustin servit apparemment comme sommelier de la chapelle de Charles VI “avant de rejoindre la chapelle de Bourgogne” (Wright 1979, p. 105, renvoyant en note à F-BnF, ms. f. fr. 6748, f. 192v et 195 ; Douët-d’Arcq 1865, p. xxxi, indique que ce manuscrit contient un compte de l’hôtel du roi de France en 1415 — à vérifier).
• Chapelle de Bourgogne, 1419. Il fut retenu comme ténor de la chapelle de Jean sans Peur le 14.4.1419, avant-veille de Pâques, alors que la cour avait dû abandonner Paris pour se réfugier à Provins ; dernier des chapelains nommés sur la liste du paiement consenti le 21.5.1419 aux membres de la chapelle en compensation des “grans pertes et dommaiges qu’ilz ont eues et soustenues, tant en perte de chevaulx comme de tres grant chierté de vivres qu’ilz ont euz depuis le derrenier partement de mondit seigneur de la ville de paris jusques a present”, il perçoit 30 fr (Wright 1979, p. 104-105, 107-108, 162, 210-211 et 234, d’après F-AD21, B 1601, f. 42v et f. 58v-59). Après l’assassinat du duc (20.9.1419), la duchesse Marguerite de Bavière octroya le 22 octobre à Dijon un don de 200 fr. à partager entre les chapelains, dont Jean Du Passage (Marix 1939, p. 140-142 et 145), mais il retourna sans doute peu après au service du roi de France, accompagné de ses collègues Jean de la Tour* et Raoul Gueroust*. Étrangement, alors que Gueroust était sommelier et Du Passage chapelain de la chapelle de Bourgogne, ils furent recrutés à des rangs inverses à la chapelle royale.
• Chapelle royale de France, 1422. De retour au service de Charles VI, Du Passage figure comme sommelier, à 6s par jour, dans l’“Ordonnance de l’ostel du roy Charles VI faite à Senlis le 1er juillet 1422 par l’ordonnance du roi d’Angleterre, héritier et régent de France” (Douët-d’Arcq 1864, I, p. 444 ; Marix 1939, p. 149), mais c’est au titre d’avant-dernier chapelain qu’il perçoit 30 fr dans l’“extrait du compte de Regnault Doriac, commis au payement des obseques et funerailles du feu Roy Charles qui trespassa a Paris… le mercredi 21 octobre 1422” (”Jehan du Passage, teneur”; Perkins 1984, p. 545, d’après F-BnF, ms. f. fr. 7853, p. 1296). Trois ans et demi après ces obsèques et le probable démantèlement de la chapelle royale, il apparaît à la chapelle pontificale.
• Chapelle pontificale, 1426-1430. Mentionné pour la première fois dans la liste de la chapelle de Martin V d’avril 1426, à 6 flor., il figure, avec le même salaire, sur toutes les listes jusqu’en juin 1430, en deuxième position après le premier chapelain Bertoldus Dauce* jusqu’en 1429 (Haberl 1885, p. 455-456 [Bst. I, p. 59-60] et Haberl 1887, p. 220 [Bst. III, p. 32], heureusement complétés, pour les années 1429-1430, par Lütteken 1993, p. 245-246 ; aucune liste ne semble subsister entre juin 1430 et mars 1431, date de l’élection d’Eugène IV). Son engagement en 1426 n’est pas enregistré dans le Liber officialium de Martin V (publié par Uginet 1975). Une expectative du 25.5.1424, pour un bénéfice à la collation des abbés de Saint-Pierre et Saint-Bavon de Gand, le qualifie déjà (indûment) de familier du pape et chantre de sa chapelle ; ceci pourrait indiquer qu’il était déjà à Rome sans être officiellement membre de la chapelle, qu’il était sur le point de venir, ou qu’un représentant agissait pour lui sur place (voir ci-dessous). Le 30.5.1430, il reçut une bulle pour une prébende canoniale de la collégiale Saint-Pierre d’Aire (dioc. Thérouanne ; Aire-sur-la-Lys, F-dép. Pas-de-Calais), qui rapportait 30 l.t. Les documents de la curie pontificale l’appellent “Johannes Augustini alias de Passagio”, mais également “de Besançon”, et indiquent qu’il était enfant illégitime (”de presbytero genitus et soluta”, né d’un prêtre et d’une femme seule) et clerc du diocèse de Cambrai (Baix 1960, I, p. 358-359 n° 962 et n. 9 ; sur le fait qu’il n’est pas identifiable à “Johannes Augustini de Nursia”, voir ci-dessous). Son séjour romain l’amena à chanter avec Du Fay* pendant au moins un an et demi.
• Cour de Chypre, 1433. La notice “Cyprus : Medieval Polyphony” établie par K. Kügle et R. Hoppin pour le NG2, indique que Jean Du Passage servit le roi de Chypre en 1433, c’est-à-dire le jeune Jean II de Lusignan, né en 1418, fils de Janus, mort en 1432. Ceci explique sans doute que Tinctoris qualifie un des fils de Jean de “chypriote” (voir ci-après).
• Chapelle de Bourgogne, 1436-1455. La première liste conservée des gages de la chapelle de Philippe le Bon, pour l’année 1436, offre la première trace du retour à la cour de Bourgogne de Jean Du Passage. Non nommé parmi les chantres cités dans le motet Nove cantum melodie de Binchois, il ne revint donc pas dès le rétablissement de la chapelle vers 1430 mais après son passage à Chypre, entre 1434 et 1436. Malgré l’absence de tout document, on pourrait imaginer qu’il revint de Chypre sur le continent dans la suite d’Anne de Lusignan, comme Mathieu Hanelle*, et qu’il reprit contact avec la chapelle de Bourgogne lors du mariage de cette princesse avec Louis de Savoie en février 1434. Il servit de façon continue jusqu’en 1455, gravissant les échelons depuis la place de seizième (et avant-dernier) chapelain jusqu’au sixième rang (Marix 1939, p. 195, 212, 214, 242-253), malgré son statut d’homme marié (voir ci-dessous). En 1454, le chapitre de Cambrai avait alloué un don de vin à “Johanni Du Passage, tenoriste de la capelle du duc de Bourgogne” (Houdoy 1880, p. 246).
• Canonicat à Sainte-Gudule de Bruxelles, 1428 ? (ou 1449)-1462. Jean du Passage était chanoine de Sainte-Gudule de Bruxelles au moment de sa mort en 1462 (voir ci-dessous). Il aurait obtenu ce canonicat dès avant 1428 (selon Van Doorslaer 1934, p. 32, d’après Rombauts). Cette information n’est pas confirmée dans la monographie de B. Haggh sur cette église (Haggh 1988, notamment p. 642), qui indique en revanche que “Johannes Augustini (fl. 1449-1458),” sans aucun doute le ténoriste de Philippe le Bon, détenait la deuxième prébende majeure de Sainte-Gudule, qu’il fut présent au chapitre général du 31.7.1449, puis mentionné en 1453, 1457 et 1458 (id., p. 540).
• Décès en 1462 et famille. Un acte dressé avant le 30.9.1462 par le maître de l’épargne du duc de Bourgogne indique que les biens de “feu Jean du Passage dit Augustin, ténoriste de la chapelle du duc et chanoine de Sainte-Gudule de Bruxelles, bâtard”, évalués à 510£ 12s, devaient exceptionnellement être laissés à sa femme et ses enfants, contrairement à la règle qui voulait que le prince récupère l’héritage des enfants illégitimes (B-AGR, EA 163, f. 66, n° 206 : “Bijder derder rekeningen des voirs. meesteren Jans vanden Eeede vanden voirs. espairgnier eyndende den lesten dach van septembri int voirs. jair 62, blijt omtrent den 15en blade dat die goeden, hane ende erne van wylen Johannes du Passaige geheeten Augustin, tenorist vander cappellen ons. genedichs heeren ende canonick van sinten Goedelen binnen Bruessele, bastaert wesen. zij als myn gened. heere [ajout interlinéaire: mits zyn. dood] gedelueert, geapprehendeert ende geschat, weert le zyne vyschondert thien pont tweelf scell. eens nyettennij ter grooter, beden vander moeder ende kinderen des voirs. Du Passaige zyn gij myn. voirs. gened. heere met zyn oepenen brieven die voirs. geden der voirs. moeder ende kinderen weder gegeven geweest.”) Il eut au moins deux fils, qui devinrent des chanteurs accomplis, tous deux ténoristes, semble-t-il : Philippe*, ténoriste de la chapelle de Bourgogne, et Jean (junior)*, lui aussi surnommé Augustin, chantre à Sainte-Gudule de Bruxelles et Notre-Dame d’Anvers entre 1474 et 1493 et chanoine de Saint-Rombaut de Malines en 1488.
• Origine de la dynastie. Jean Tinctoris écrit de Philippe Du Passage*, dont il vante l’art vocal, qu’il était “chypriote par la nation, mais brabançon par l’érudition” (“natione Cyprius sed eruditione Brabantinus” ; Weinman 1917, p. 33), ce qui indique sans doute qu’il naquit lors du séjour de son père à Chypre, vers 1433. La notice confuse que G. Van Doorslaer consacre à la famille Du Passage, en reconnaissant qu’elle s’appuie sur une documentation “en somme assez nébuleuse” (Van Doorslaer 1934, p. 32) mérite d’être clarifiée autant que possible (ainsi que l’évocation de la famille Du Passage dans Fiala 2002b, p. 372-373, qui s’appuie sur cette notice) : d’abord, contrairement à ce que Van Doorslaer sous-entend, le ténoriste Jean Augustin Du Passage (senior) ne saurait être identifié à Johannes Augustini de Nursia (Norcia, I-Prov. Umbria), secrétaire du pape Martin V qui reçut dès le 11.3.1418 une expectative pour une prébende canoniale de Saint-Donatien de Bruges, qu’il détint de 1418 à 1423, en cherchant apparemment à obtenir la dignité de chantre de cette église en 1421. Ce curialiste qui fut également chanoine de Terracina et de Spoleto était en effet qualifié de maître dès 1421, probablement présent en continu à Rome, et d’un rang sans doute supérieur à celui d’un chanteur de naissance illégitime (Baix 1960, I, p. CCXXII, p. 22 n° 68 et n. 1, p. 138 n° 393 et n. 3, p. 159 n° 430 et n.3 ; voir aussi Dubrulle 1906, p. 387 et Dubrulle 1905-1908, n° 31 [1905], p. 299). Néanmoins, Van Doorslaer, très familier de la documentation malinoise, écrit qu’“un chanoine du chapitre Saint-Rombaut à Malines, en 1488, Jean du Passaige dit Augustin […] était originaire de Nurcia, en Italie” (Van Doorslaer 1934, ibid.). Si cette information émane, comme semble l’indiquer la rédaction de la notice, d’une source malinoise (et non d’une nouvelle confusion avec la documentation de la curie de Martin V), on pourrait imaginer que Jean Augustin Du Passage (senior) était en fait un enfant illégitime du famillier du pape Jean Augustin de Nursia. Cette filiation n’est évidemment pas mentionnée par la documentation curiale, mais ce dernier obtint pour deux de ses neveux, fin 1426, des faveurs importantes, qui attestent du lien de cette famille avec les églises des Pays-Bas bourguignons. Le premier de ses deux neveaux, Johannes Benedicti de Nursia, clerc du diocèse de Spoleto, devint chapelain perpétuel de l’autel de la messe des âmes (Misse animarum) à Notre-Dame d’Anvers, rapportant 24 l.t., le 2.10.1426 (Baix 1960, I, p. 138 n° 393 et n.3) et de l’autel Sainte-Catherine de la chapelle de Verdegheer, dans la paroisse de Beveren (dioc. Tournai), rapportant 18 l.t,. le 12.11.1426 (id., p. 154-155 n° 419) ; il résigna ces deux chapelles en mars 1429 et mourut cette même année à Anagni (id., I, p. 138 n.3). Le second, Paulus Petri Caut de Nursia, n’avait que dix ans lorsqu’il obtint, grâce à la faveur de son oncle, une chapellenie à l’autel N.D. de l’église paroissiale de Lophem (18 l.t.) le 20.12.1426 (id., p. 159 n°430 et n. 3).
• Chapelle de Bourgogne, 1419. Il fut retenu comme ténor de la chapelle de Jean sans Peur le 14.4.1419, avant-veille de Pâques, alors que la cour avait dû abandonner Paris pour se réfugier à Provins ; dernier des chapelains nommés sur la liste du paiement consenti le 21.5.1419 aux membres de la chapelle en compensation des “grans pertes et dommaiges qu’ilz ont eues et soustenues, tant en perte de chevaulx comme de tres grant chierté de vivres qu’ilz ont euz depuis le derrenier partement de mondit seigneur de la ville de paris jusques a present”, il perçoit 30 fr (Wright 1979, p. 104-105, 107-108, 162, 210-211 et 234, d’après F-AD21, B 1601, f. 42v et f. 58v-59). Après l’assassinat du duc (20.9.1419), la duchesse Marguerite de Bavière octroya le 22 octobre à Dijon un don de 200 fr. à partager entre les chapelains, dont Jean Du Passage (Marix 1939, p. 140-142 et 145), mais il retourna sans doute peu après au service du roi de France, accompagné de ses collègues Jean de la Tour* et Raoul Gueroust*. Étrangement, alors que Gueroust était sommelier et Du Passage chapelain de la chapelle de Bourgogne, ils furent recrutés à des rangs inverses à la chapelle royale.
• Chapelle royale de France, 1422. De retour au service de Charles VI, Du Passage figure comme sommelier, à 6s par jour, dans l’“Ordonnance de l’ostel du roy Charles VI faite à Senlis le 1er juillet 1422 par l’ordonnance du roi d’Angleterre, héritier et régent de France” (Douët-d’Arcq 1864, I, p. 444 ; Marix 1939, p. 149), mais c’est au titre d’avant-dernier chapelain qu’il perçoit 30 fr dans l’“extrait du compte de Regnault Doriac, commis au payement des obseques et funerailles du feu Roy Charles qui trespassa a Paris… le mercredi 21 octobre 1422” (”Jehan du Passage, teneur”; Perkins 1984, p. 545, d’après F-BnF, ms. f. fr. 7853, p. 1296). Trois ans et demi après ces obsèques et le probable démantèlement de la chapelle royale, il apparaît à la chapelle pontificale.
• Chapelle pontificale, 1426-1430. Mentionné pour la première fois dans la liste de la chapelle de Martin V d’avril 1426, à 6 flor., il figure, avec le même salaire, sur toutes les listes jusqu’en juin 1430, en deuxième position après le premier chapelain Bertoldus Dauce* jusqu’en 1429 (Haberl 1885, p. 455-456 [Bst. I, p. 59-60] et Haberl 1887, p. 220 [Bst. III, p. 32], heureusement complétés, pour les années 1429-1430, par Lütteken 1993, p. 245-246 ; aucune liste ne semble subsister entre juin 1430 et mars 1431, date de l’élection d’Eugène IV). Son engagement en 1426 n’est pas enregistré dans le Liber officialium de Martin V (publié par Uginet 1975). Une expectative du 25.5.1424, pour un bénéfice à la collation des abbés de Saint-Pierre et Saint-Bavon de Gand, le qualifie déjà (indûment) de familier du pape et chantre de sa chapelle ; ceci pourrait indiquer qu’il était déjà à Rome sans être officiellement membre de la chapelle, qu’il était sur le point de venir, ou qu’un représentant agissait pour lui sur place (voir ci-dessous). Le 30.5.1430, il reçut une bulle pour une prébende canoniale de la collégiale Saint-Pierre d’Aire (dioc. Thérouanne ; Aire-sur-la-Lys, F-dép. Pas-de-Calais), qui rapportait 30 l.t. Les documents de la curie pontificale l’appellent “Johannes Augustini alias de Passagio”, mais également “de Besançon”, et indiquent qu’il était enfant illégitime (”de presbytero genitus et soluta”, né d’un prêtre et d’une femme seule) et clerc du diocèse de Cambrai (Baix 1960, I, p. 358-359 n° 962 et n. 9 ; sur le fait qu’il n’est pas identifiable à “Johannes Augustini de Nursia”, voir ci-dessous). Son séjour romain l’amena à chanter avec Du Fay* pendant au moins un an et demi.
• Cour de Chypre, 1433. La notice “Cyprus : Medieval Polyphony” établie par K. Kügle et R. Hoppin pour le NG2, indique que Jean Du Passage servit le roi de Chypre en 1433, c’est-à-dire le jeune Jean II de Lusignan, né en 1418, fils de Janus, mort en 1432. Ceci explique sans doute que Tinctoris qualifie un des fils de Jean de “chypriote” (voir ci-après).
• Chapelle de Bourgogne, 1436-1455. La première liste conservée des gages de la chapelle de Philippe le Bon, pour l’année 1436, offre la première trace du retour à la cour de Bourgogne de Jean Du Passage. Non nommé parmi les chantres cités dans le motet Nove cantum melodie de Binchois, il ne revint donc pas dès le rétablissement de la chapelle vers 1430 mais après son passage à Chypre, entre 1434 et 1436. Malgré l’absence de tout document, on pourrait imaginer qu’il revint de Chypre sur le continent dans la suite d’Anne de Lusignan, comme Mathieu Hanelle*, et qu’il reprit contact avec la chapelle de Bourgogne lors du mariage de cette princesse avec Louis de Savoie en février 1434. Il servit de façon continue jusqu’en 1455, gravissant les échelons depuis la place de seizième (et avant-dernier) chapelain jusqu’au sixième rang (Marix 1939, p. 195, 212, 214, 242-253), malgré son statut d’homme marié (voir ci-dessous). En 1454, le chapitre de Cambrai avait alloué un don de vin à “Johanni Du Passage, tenoriste de la capelle du duc de Bourgogne” (Houdoy 1880, p. 246).
• Canonicat à Sainte-Gudule de Bruxelles, 1428 ? (ou 1449)-1462. Jean du Passage était chanoine de Sainte-Gudule de Bruxelles au moment de sa mort en 1462 (voir ci-dessous). Il aurait obtenu ce canonicat dès avant 1428 (selon Van Doorslaer 1934, p. 32, d’après Rombauts). Cette information n’est pas confirmée dans la monographie de B. Haggh sur cette église (Haggh 1988, notamment p. 642), qui indique en revanche que “Johannes Augustini (fl. 1449-1458),” sans aucun doute le ténoriste de Philippe le Bon, détenait la deuxième prébende majeure de Sainte-Gudule, qu’il fut présent au chapitre général du 31.7.1449, puis mentionné en 1453, 1457 et 1458 (id., p. 540).
• Décès en 1462 et famille. Un acte dressé avant le 30.9.1462 par le maître de l’épargne du duc de Bourgogne indique que les biens de “feu Jean du Passage dit Augustin, ténoriste de la chapelle du duc et chanoine de Sainte-Gudule de Bruxelles, bâtard”, évalués à 510£ 12s, devaient exceptionnellement être laissés à sa femme et ses enfants, contrairement à la règle qui voulait que le prince récupère l’héritage des enfants illégitimes (B-AGR, EA 163, f. 66, n° 206 : “Bijder derder rekeningen des voirs. meesteren Jans vanden Eeede vanden voirs. espairgnier eyndende den lesten dach van septembri int voirs. jair 62, blijt omtrent den 15en blade dat die goeden, hane ende erne van wylen Johannes du Passaige geheeten Augustin, tenorist vander cappellen ons. genedichs heeren ende canonick van sinten Goedelen binnen Bruessele, bastaert wesen. zij als myn gened. heere [ajout interlinéaire: mits zyn. dood] gedelueert, geapprehendeert ende geschat, weert le zyne vyschondert thien pont tweelf scell. eens nyettennij ter grooter, beden vander moeder ende kinderen des voirs. Du Passaige zyn gij myn. voirs. gened. heere met zyn oepenen brieven die voirs. geden der voirs. moeder ende kinderen weder gegeven geweest.”) Il eut au moins deux fils, qui devinrent des chanteurs accomplis, tous deux ténoristes, semble-t-il : Philippe*, ténoriste de la chapelle de Bourgogne, et Jean (junior)*, lui aussi surnommé Augustin, chantre à Sainte-Gudule de Bruxelles et Notre-Dame d’Anvers entre 1474 et 1493 et chanoine de Saint-Rombaut de Malines en 1488.
• Origine de la dynastie. Jean Tinctoris écrit de Philippe Du Passage*, dont il vante l’art vocal, qu’il était “chypriote par la nation, mais brabançon par l’érudition” (“natione Cyprius sed eruditione Brabantinus” ; Weinman 1917, p. 33), ce qui indique sans doute qu’il naquit lors du séjour de son père à Chypre, vers 1433. La notice confuse que G. Van Doorslaer consacre à la famille Du Passage, en reconnaissant qu’elle s’appuie sur une documentation “en somme assez nébuleuse” (Van Doorslaer 1934, p. 32) mérite d’être clarifiée autant que possible (ainsi que l’évocation de la famille Du Passage dans Fiala 2002b, p. 372-373, qui s’appuie sur cette notice) : d’abord, contrairement à ce que Van Doorslaer sous-entend, le ténoriste Jean Augustin Du Passage (senior) ne saurait être identifié à Johannes Augustini de Nursia (Norcia, I-Prov. Umbria), secrétaire du pape Martin V qui reçut dès le 11.3.1418 une expectative pour une prébende canoniale de Saint-Donatien de Bruges, qu’il détint de 1418 à 1423, en cherchant apparemment à obtenir la dignité de chantre de cette église en 1421. Ce curialiste qui fut également chanoine de Terracina et de Spoleto était en effet qualifié de maître dès 1421, probablement présent en continu à Rome, et d’un rang sans doute supérieur à celui d’un chanteur de naissance illégitime (Baix 1960, I, p. CCXXII, p. 22 n° 68 et n. 1, p. 138 n° 393 et n. 3, p. 159 n° 430 et n.3 ; voir aussi Dubrulle 1906, p. 387 et Dubrulle 1905-1908, n° 31 [1905], p. 299). Néanmoins, Van Doorslaer, très familier de la documentation malinoise, écrit qu’“un chanoine du chapitre Saint-Rombaut à Malines, en 1488, Jean du Passaige dit Augustin […] était originaire de Nurcia, en Italie” (Van Doorslaer 1934, ibid.). Si cette information émane, comme semble l’indiquer la rédaction de la notice, d’une source malinoise (et non d’une nouvelle confusion avec la documentation de la curie de Martin V), on pourrait imaginer que Jean Augustin Du Passage (senior) était en fait un enfant illégitime du famillier du pape Jean Augustin de Nursia. Cette filiation n’est évidemment pas mentionnée par la documentation curiale, mais ce dernier obtint pour deux de ses neveux, fin 1426, des faveurs importantes, qui attestent du lien de cette famille avec les églises des Pays-Bas bourguignons. Le premier de ses deux neveaux, Johannes Benedicti de Nursia, clerc du diocèse de Spoleto, devint chapelain perpétuel de l’autel de la messe des âmes (Misse animarum) à Notre-Dame d’Anvers, rapportant 24 l.t., le 2.10.1426 (Baix 1960, I, p. 138 n° 393 et n.3) et de l’autel Sainte-Catherine de la chapelle de Verdegheer, dans la paroisse de Beveren (dioc. Tournai), rapportant 18 l.t,. le 12.11.1426 (id., p. 154-155 n° 419) ; il résigna ces deux chapelles en mars 1429 et mourut cette même année à Anagni (id., I, p. 138 n.3). Le second, Paulus Petri Caut de Nursia, n’avait que dix ans lorsqu’il obtint, grâce à la faveur de son oncle, une chapellenie à l’autel N.D. de l’église paroissiale de Lophem (18 l.t.) le 20.12.1426 (id., p. 159 n°430 et n. 3).
Bibliography
Baix 1960
Douët-d’Arcq 1864
Douët-d’Arcq 1865
Dubrulle 1906
Dubrulle 1908
Fiala 2002b
Haberl 1885
Haberl 1887
Houdoy 1880
Lütteken 1993
Marix 1939
Perkins 1984
Van den Nieuwenhuizen 1978
Van Doorslaer 1934
Weinmann 1917
Wright 1979