Beaufils, Jean (…-…). Musician; Singer

Chapelle royale de France (Louis XI), 1461-1472. Jehan Beaufilz figure dans l’état des « Gages des menus officiers et aucuns gentilshommes de l’hostel du Roy Loys XI du 1er janvier 1461 jusques au dernier septembre 1464 » comme clerc d’une chapelle réduite qui pourrait correspondre à la chapelle du dauphin avant son accession au trône (Perkins 1984, p. 541 d’après F-BnF, ms. fr. 7853, p. 1484-1487) en compagnie de Loys de Comboin, prothenotaire de Trignac, M. Robert Magalot, Frère Charles Marcoul « qui dit la messe de la croix », M. Gallois Gourdin, chapelain ordinaire, M. Raymond d’Aydie, chapelain ordinaire, Frère Jehan de Vougue, chapelain ordinaire, Jacob Liantier, clerc, Guillaume, clerc, et Georges Robinet clerc.
Il ne figure sur aucune liste de la chapelle royale (de chant), et rien n’indique qu’il exerçait son talent comme chantre. Pourtant, par une lettre datée de Montils-les-Tours, le 23 janvier 1472, Louis XI ordonne au chapitre de mettre Jean Beaufils, “sommelier ordinaire de nostre dicte chapelle” en possession de la prébende et chantrerie de la Sainte-Chapelle de Bourges détenue jusqu’alors par un certain Gilbert Mareil, dont le roi entend se venger car il tenait le parti de son frère, Charles de France, duc de Guyenne ; voir ci-après la reproduction de la lettre complète de Louis XI et des délibérations du chapitre de la Sainte-Chapelle de Bourges.
• Sainte-Chapelle de Bourges, 1472. Le 1er février 1472 (note en latin, traduite en marge XVIII° siècle) Gilbert Marel chantre et chanoine qui estoit en meme temps aumonier du duc de Berry devenu depuis duc d’Aquitaine estoit resté attaché a ce Prince qui en cette année estoit en guerre avec Louis XI son frere. Par haine contre les serviteurs de son frere, Louis XI donna cette prebende et chantrerie a Jean Beaufilz. Cette nomination ne paroit pas [avoir] eu d’effet [sic] car Morel resta dans la place jusqu’en 1501.
La lettre de Louis XI est reproduite à la suite, ainsi que la réponse du chapitre (Louis XI Cor, vol. 4 p. 301-302 et Pilleboue PCR d’après F-BnF, n.a.l. 1534, f. 92, 93) et citée par Paula Higgins (Higgins 1990, p. 11, 16).
« De par le roy
Chers et bon aimez, nous avons naguerres donné a notre cher et bien ame Jehan Beaufilz sommelier ordinaire de nostre dicte chapelle la chantrerie et prebende de la Sainte-Chapelle de notre palais de Bourges que a tenues et occupées par cy devant ung nommé Gilbert Marel, vacant a present a notre disposition pour ce que ledit Gillebert Marel tient le party de notre frere de Guyenne et le sert a l’encontre de nous ainsi que pourrez veoir plus a plain par nos lectres de don et collation que avons sur ce octroyée a nostredit somelier. Car voulons et vous mandons bien expressement que ledit nostre somelier vous recevez et le mectez en possession et saisine desdits chantrerie et prebende et l’en faictes souffrez et laissez joyr et user paisiblement ainsi que nosdites lectres de collation le contiennent. Et que des sur tout que doubtez mespandre envers nous et encourir notre indignation que ny faciez faulte car notre plaisir et entencion, n’est pas que ledit Mareil ait ne possede jamais lesdits benefices. Donné audit Montilz les Tours le 23° jour de janvier ainsi signé Loys et Embas Tilhart »
Lettre de collation pour pourvoir une personne idoine a la place de Gilbert Marel fait a Tucellum le 12 janvier 1471 (a.s.) per regem Tilharetz
Réponse du chapitre :
« Après avoir vu les lettres, Jean Leotier président du chappitre dit audit Beaufilz que il leur plairait qu’il sorte du chapitre, pour qu’ils deliberent. Messieurs répondent que en tant que fils tres obeissants ilz étaient prets a obéir aux mandements du roi. Mais que…presents messires Jean Huault, Denis Le Duc prêtre, David Cerlin clerc de Bourges »
A heure de vêpres
On demande a Beaufilz s’il a quelque document pour leur faire foi de la privation dudit Gilbert Marel desdits canonicat et prebende. Il repond que non mais affirme « pro certo » que ledit Marel a été apelé par un precepte du roi et ensuite privé des dits canonicat, prebende et chantrerie. Puis voulant « mandata prefati… regis juxta posse ad implore », ils mettent ledit Beaufilz en possession reelle etc … de la chantrerie. Jean Beaufils prête serment et paie ses droits 27 livres.