Poisson, Jean (…-before 13 May 1523). Musician

Chapelle royale de France, 1472-1497. Mentionné comme chapelain de la chapelle royale en 1472/1473, mais pas en 1474/1475, il semble cependant avoir servi de façon assez continue pendant plus de deux décennies. Dans une série de lettres expectatives accordées à la plupart des membres de la chapelle royale le 28.7.1486 à Rome, Johannes Piscis, qualifié de chanoine de Coutances (voir ci-dessous), devait recevoir une prébende de Saint-Martin de Tours (Perkins 1984, p. 552, d’après I-ASV, Reg. Vat. 682, f. 323v-338). Cette expectative entraîna un procès devant le parlement de Paris, évoqué dans une lettre du roi datée de Poissy le 27.5.1492, par laquelle Charles VIII demande au parlement de Paris de trancher en faveur de son chapelain Me Jean Piscis le procès qu’il soutient au sujet d’une prébende de Saint-Martin de Tours que lui dispute Me Jean Chabrion (Charles VIII COR, III, p. 277-278, lettre DCLXXVII, d’après F-AN, Xta 9321 : “De par le roy // Noz amez et feaulx, nous avons esté advertiz que nostre cher et bien amé chappellain et chantre ordinaire de nostre chappelle, maistre Jehan Piscis, a certain procès pendant pardevant vous en matière d'appel touchant la prebende de l’eglise monsieur saint Martin de Tours, de laquelle il a esté pourveu par noz chers et bien amez les doyen et chappitre de ladicte eglise, et aussi par vertu d’un mandat qu’il a obtenu de nostre Saint Pere le Pape a nostre grant priere et requeste, de laquelle prebende il a joy par bien longtemps. Mais ce non obstant, ung nommé maistre Jehan Chabrion lui a donné empeschement et en a mis en procès nostredict chappellain pardevant noz amez et feaulx conseillers les maistres des requestes, en leur auditoire de nostre Palais a Paris, ou ledit Chabrion a obtenu la recreance, comme l’on dit. Et pour ce que, a cause dudit procès, ledict Piscis a par cydevant supporté de grans pertes, fraiz et mises, et aussi discontinué nostre service, et feroit encore plus s’il estoit tenu en long procès, a quoy desirons de toute nostre affection lui estre subvenu, a ceste cause, nous voulons et vous mandons bien expressement que, en la plus grant dilligence que possible sera, vous donnez fin et expedicion en sondict procès, qu’on dict estre appointé en droit et prest a juger, en lui gardant son bon droit, et l’ayant pour recommandé en justice. Donné a Poissy le XXVIIe jour de may. [sign.] Charles. Robertet. [Adr.] A noz amez et feaulx les gens tenans nostre court de Parlement a Paris. [rec.] Recepta penultima maii M° CCCC° nonag° IIdo”). Le fait que Guillaume Cretin ait encore inclus le nom de Piscis parmi les chantres de la chapelle royale qu’il cite dans sa Déploration sur la mort de Ockeghem, survenue le 7.2.1497 (“Prevost, Verjus, tant que Piscis prospère, / Prenez Fresneau pour vos chantz accorder, / La perte est grande et digne a recorder”; Cretin OP) montre qu’il servit au moins jusqu’en 1497.
• Cathédrale de Coutances, 1479-1523. La carrière de Jean Poisson à Coutances est reconstituée par Gilles Désiré dit Gosset (Désiré dit Gosset 1995 / PCR) : prêtre, il commence sa carrière à Coutances en contestant à Jean Belin sa prébende de Saint-Samson-de-Bonfossé : le procès est en cours au parlement de Paris lorsque Belin décide de résigner en faveur de Mathieu d'Estouteville, reçu le 2.10.1479 mais qui meurt dans le mois qui suit. C'est à Louis de Nouveau qu’échoit alors la prébende par collation des vicaires généraux. Le jour même où le chapitre reçoit ce dernier, le 6.11.1479, Poisson obtient des lettres de régale qui lui permettent de se faire recevoir à son tour et en personne, le 19 novembre. Cependant les chanoines refusent de l’admettre ad osculum pacis cinq jours plus tard et mettent à l’amende Jean Lepesqueux, Pierre Hotot et Richard Floury qui, nonobstant, avaient demandé à Poisson de lire les leçons au choeur et d’entonner les antiennes, alors que seuls les chanoines reçus ainsi peuvent le faire. Louis de Nouveau est encore reçu le 11.2.1480, mais arrive à un accord en août : il renonce à Saint-Samson, contre la permutation opérée par Poisson de sa cure de Drosay. Poisson conserve près de quatre ans cette prébende qu’il finit par permuter avec Etienne de la Mare, le 9.3.1484, contre celle de Besneville, à laquelle il est reçu le 22 ensuivant. On ignore combien de temps il a conservé cette dernière mais il la permute avec Jean Lerat, sans doute peu d’années après et en tout cas avant 1491, contre la chantrerie. Le 31.1.1504, il fait une importante fondation pour une messe annuelle de l'Annonciation. L’âge venant, Jean Poisson préfère renoncer à la première dignité du chapitre et permute une fois encore, avec Charles de Saint-Germain, le 21.9.1517, pour la cure de Carentan. Cela ne l’empêche d’ailleurs pas, semble-t-il, de conserver un pied au chapitre où il occupe une prébende de Coutances, jusqu'à sa mort survenue entre le 6 et le 13.5.1523, date à laquelle est présenté son testament.